La boîte aux lettres rouillée

Une boîte aux lettres rouillée. Seule. Sans nom. Sans porte. Sans propriétaire. Mais fidèle au poste…
Au gré de mes pérégrinations…
Au gré de mes pérégrinations…
Une boîte aux lettres rouillée. Seule. Sans nom. Sans porte. Sans propriétaire. Mais fidèle au poste…
Tel un nain de jardin, la borne à incendie attend patiemment. Avec son allure quasi humaine, elle est la gardienne de notre vie. Nonobstant son âge avancé, elle reste fidèle au poste. L’usure de son manteau l’atteste.
Deux cheminées métalliques trouent la grisaille ambiante. Elles brillent dans la pénombre, juchées sur leur toit. Elles font leur possible pour se mettre en avant, arrogantes, fières et majestueuses. Quelle insolence !
Combien de fois ce heurtoir a-t-il annoncé un invité ? Finalement combien on réussit à passer les deux serrures ? Derrière cette porte bien close se trouve la réponse.
Elle fut rouge. Elle fut jaune. Elle est rouille. Cette plaque métallique a vécu tant de choses…
Une fin de nuit d’hiver. Il faut attendre le train, malgré le froid. Mon regard scrute l’horizon. Désespérément. Malgré toutes ces lumières on ne devine pas les phares de la locomotive.
Un grand bâtiment industriel perdu dans la campagne. Abandonné et rouillant. Et là au détour d’une avancée, voici cette grille jaune, et chaude, dans cet univers gris. Intruse aux stries horizontales face aux ondulations métalliques verticales.
Quel est donc cet étrange vaisseau au loin sur l’horizon ? Flanqué de ces moteurs, il semble près à décoller. Longiligne, il est taillé pour les grands espaces. Découvreur infatigable.
Depuis l’intérieur, c’est un entrelacs de poutrelles agencées qui fragmentent le ciel. Comme de petites fenêtres. Et 3 minuscules et faméliques lignes traversent de part en part cette image pour porter plus loin cette invisible énergie… Dérisoire contre cette lourdeur…
Au milieu de ce mur de bois jaune : une grille grise. Les lignes se croisent et on ne voit qu’elle.